Cette fois c’est décidé j’arrête !
Peut-être que l’arrêt du tabac fait partie de vos bonnes résolutions ? Si c’est le cas un petit focus pour vous encourager et vous aider. Si ce n’est pas le cas lisez quand même on ne sait jamais ! Si vous ne fumez pas ou plus, lisez aussi pour aider votre entourage ou pour votre culture médicale !
Le but de cet article est de rappeler les aides proposées dans le cas d’un sevrage tabagique. Nous n’allons pas rappeler en détails les dégâts du tabac sur la santé et la qualité de vie car ils sont connus de tous mais sachez que les études de cohorte montrent que fumer de 1 à 10 cigarette(s) par jour augmente par deux la mortalité au bout de 7 ans ; par 12 le risque de cancer pulmonaire et par 6 les problèmes respiratoires.
Il n’est jamais trop tard pour arrêter et les bénéfices sont nombreux.
La dépendance est multiple. Il existe une dépense chimique par le biais essentiellement de la nicotine. Elle peut s’évaluer par un questionnaire (dont le test de Fagerström que vous pourrez télécharger en fin de document). Il existe une dépendance comportementale (imaginez le nombre de gestes répétitifs réalisés depuis votre 1ère cigarette ! Vous comprendrez l’impact que cette répétition gestuelle a sur votre cerveau). La 3ème dépendance est psychologique (gestion du stress, anxiété, concentration, stimulation…). Nous pouvons ajouter à cela la dépendance environnementale (pression sociale, rituels sociaux, tabac associé à un certain environnement ou certaines personnes). Chaque fumeur a une proportion variable de ces 4 types de dépendances, proportion qui varie également dans le temps pour une même personne.
La motivation est la clef de voûte du sevrage. Elle peut suffire à surmonter vos dépendances, mais elle doit être entretenue, renforcée et consolidée. Certains n’ont pas eu besoin d’aide extérieure pour mettre K.O leur tabagisme, mais souvent un coach, un conseiller, un « entraineur », une aide psychologique, une aide pharmacologique, une technique… s’avèrent bien utiles. Nous allons les lister rapidement. Vous pouvez surfer sur le net, en parler avec votre médecin ou thérapeute pour approfondir.
1 – Moyens pharmacologiques : les médicaments disponibles sont :
A – Les substituts nicotiniques : ils vont diffuser de la nicotine soit de façon continue, lente et régulière (forme transdermique ou patchs) ou de façon rapide et à la demande (gommes à mâcher, inhaleur, comprimés à sucer ou à faire fondre sous la langue). Il en existe toute une gamme et sont actuellement remboursés pour la plupart. Ils sont prescris si la dépendance à la nicotine est jugée significative (test de Fagerström). Ils sont utilisés sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Ils sont également en vente libre, sur conseil officinal du pharmacien. Ils sont autorisés pendant la grossesse et l’allaitement.
B – Bupropion (Zyban®) : il s’agit d’une molécule qui joue sur certains neuromédiateurs (dopamine, noradrénaline) et qui possède une autorisation dans le sevrage tabagique. Il n’est accessible que sur prescription, car il s’agit d’une amphétamine. Selon la revue Prescrire (une des rare indépendante…) il n’est pas plus efficace que la nicotine mais expose à des risques neuro-psychiques et allergiques. Il est contre indiqué chez la femme enceinte et allaitante. Il doit être considéré en seconde intention après évaluation des risques/bénéfices par le médecin. Il n’est pas remboursé.
C – Varénicline (Champix®) : il s’agit d’un médicament qui va se fixer sur des récepteurs à la nicotine dans le cerveau. Il est remboursé et non conseillé en cas de grossesse et allaitement. Les effets secondaires sont assez fréquents à type de nausées, maux de tête, troubles du sommeil, hallucinations, agitation, dépression voir infarctus…. La revue Prescrire juge sa balance bénéfice/risque défavorable, mais peut être utile dans certains cas particuliers que le médecin ou addictologue évaluera. Pour moi c’est également un médicament de 2 voir 3ème intention.
2 – Cigarette électronique :
Le sujet mériterait une page entière… mais en pratique cette méthode peut être envisagée comme une technique de sevrage du tabagisme. Elle peut contenir ou non de la nicotine. Il existe un doute sur sa toxicité mais elle est sans comparaison avec la toxicité du tabac. Donc comme outil de sevrage pour certaines personnes je suis favorable à la e-cigarette. Son efficacité est proche des substituts nicotiniques. Je développerai dans le document à venir…. Mais ne l’utilisez pas dans un autre cadre que le sevrage. Chez la femme enceinte par précaution je l’éviterais au profit des substituts classiques.
3 – Phytothérapie et micro-nutrition :
Les plantes peuvent accompagner un sevrage tabagique. La liste serait trop longue mais la phyto et certains compléments vont aider à gérer l’anxiété, les troubles du sommeil, soutenir l’humeur, aider à lutter contre le stress, calmer des irritabiliés, jouer sur l’appétit, aider au contrôle du poids….
4 – Hypnose et thérapies brèves :
Les études que j’ai lues semblent montrer un intérêt pour l’hypnose dans le sevrage tabagique, essentiellement en jouant sur l’envie de fumer. Certaines études montrent un petit effet supérieur au simple suivi (psychothérapie de soutien) et d’autres ne montrent pas d’effet supérieur. Les protocoles d’études ne sont pas simples à mettre en place, mais je pense que l’hypnose a sa place pour certains. Divers troubles du sevrage (sommeil, craving…) peuvent être pris en charge par ces méthodes. Un certain nombre de mes patients en ont tiré une aide. Toutes les autres méthodes « psychothérapeutiques » peuvent individuellement être utiles. Une chose est évidente, un suivi régulier est fondamental dans la majorité des cas, quelque soit la méthode utilisée.
5 – Sophrologie, relaxation, méditation, acupuncture :
Les méthodes de gestion du stress non médicamenteuses ont toutes leur place lors du sevrage tabagique. L’arrêt est souvent source de majoration de l’anxiété, d’irritabilité, de baisse de l’humeur, …. d’une part, et d’autre part nombre de fumeur régulaient leur anxiété et leur stress par la cigarette. Trouver une méthode pour gérer cette double source de stress est souvent capitale pour la réussite du sevrage.
6 – Médecine Traditionnelle Chinoise ou MTC :
Elle a toute sa place également tant pour soutenir la motivation que pour lutter contre les désagréments du sevrage, tant physiques (maux de tête, digestif..) que psychologiques (irritabilité, anxiété, sommeil…). Elle permet également d’aider à gérer le stress, les émotions et le contrôle du poids. Les moyens sont multiples (acupuncture, le massage TuiNa, diététique, pharmacopée…) et à l’appréciation du praticien (qui doit être certifié). Ci-joint une étude randomisée en simple aveugle sur les bienfaits de l’acupuncture pour le sevrage tabagique et qui conclut “L’acupuncture apparaît supérieure à une absence d’intervention ou à une intervention minimale à l’évaluation plus tardive (6-12 mois), multipliant les chances d’arrêt par un facteur trois. Cette donnée, renforcée par sa bonne tolérance et sa popularité nous paraît justifier l’utilisation de l’acupuncture dans le sevrage tabagique, ceci d’autant plus que le tabagisme est un problème majeur de santé publique nécessitant un arsenal thérapeutique étendu”.
Ainsi s’achève cette petite mise au point pratique qui je l’espère vous aidera ou permettra d’aider un proche. Je publierai dès que possible un document plus complet sur la question car le tabagisme est l’un des principaux ennemis de votre capital santé, de la santé publique et des dépenses de santé.
Conseil du médecin :
AVANT MON SEVRAGE OU SI J’Y PENSE PLUS OU MOINS :
– Je prends un feuille et je trace une ligne au milieu pour la partager en 2. Je note « Avantage à fumer » et « Avantage à arrêter »
– Je prends une autre feuille et je la partager en 2 également. Je note « Risque à fumer » et « Risque à arrêter »
– Je pondère chaque item (notez de 1 à 10 selon l’importance qu’ils ont pour vous – c’est comme les coefficients des notes scolaires… )
– Je fais le bilan des + et des – puis j’agis en conséquence.
– Je relis régulièrement ces feuilles pour me motiver à démarrer mon sevrage ou pour m’encourager dans mon sevrage.
Dr Julien Maréchal
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Document à télécharger :
Questionnaire de Fagerstrom – évaluation de la dépendance à la nicotine
Cet article au format PDF
A lire également : Cigarette, mon amour
Lien utiles : www.tabac-info-service.fr ou tabac info service au 39 89 (0,18/min).