Cigarette, mon amour
La cigarette, lien toxique passionnel, reflète nos besoins émotionnels. Optez pour le bien-être et la psychothérapie pour vous libérer.
Cigarette, mon amour
Ce n’est pas facile de te quitter… ah ça non. D’ailleurs parfois on n’a pas envie de te laisser derrière malgré les avertissements. Qui sont donc les autres pour nous dire quelle doit être notre relation à toi ?
Oui… une relation car c’est bien de cela dont il s’agit. On pourrait presque parler de relation amoureuse.
Car la cigarette, une fois entrée dans votre vie, prend sa place. La place qu’on lui donne pour être exact.
Au début on ne sait pas trop. « c’est comme ça », « juste un soir », « que le week-end ou en soirée»…
La réalité est qu’on s’y attache à ce petit bout de papier rempli de tabac. Oui la cigarette est attachante et addictive.
Pour commencer elle ne porte pas de jugement. A chaque fois que vous avez « besoin », elle est là, fidèle et silencieuse. Elle n’exprime pas plus que le craquement du papier qui se consume et cette fine fumée qui danse devant vos yeux.
Elle est à la fois notre confidente et notre amie. Celle qui nous accompagne dans les moments les plus pénibles. Celle qui est toujours au rendez-vous quand ça ne va pas. Celle qui nous fait oser un moment en tête à tête avec nous-même sans pour autant se sentir seul.
Mais elle est paradoxale dans sa façon de nous aimer. Rassurante et menaçante à la fois, un peu comme une histoire passionnelle et passionnée.
Parfois on la bénit d’être là « au bon moment » car son manque peut faire souffrir. Comme un amant que l’on verrait partir au loin sans pouvoir le retenir. Elle sait créer en nous ce vide et ce besoin. La victime, le bourreau et le sauveur…
Parfois on la déteste. Quand elle nous brûle la gorge les lendemains de soirées où on a trop flirté avec elle. Elle nous coupe le souffle et laisse sur nous et en nous une odeur âcre et agressive.
Pourtant, la veille, c’était notre meilleure amie. Celle qui nous unissait aux autres et nous rassemblait dans un clan de partage que seuls les fumeurs connaissent.
L’objet de tous mes désirs…
Certains l’aiment plus que d’autres à tel point qu’elle devient la première pensée du matin. Elle colle à la peau et même à notre identité. Fumeur, fumeuse, quel drôle de clivage.
Pourtant elle entre dans la catégorie des objets. Si on regarde sa définition elle est un « cylindre de tabac finement haché, enveloppé dans un papier mince, parfois muni d’un filtre, et destiné à être fumé ».
Elle porte d’autres noms aussi : une « clope » ou une « sèche ». La clope au départ désignait le mégot de la cigarette. Ce morceau usé, jauni, consumé. La sèche porte bien son nom… c’est ce qui arrive si on ne la quitte pas à temps ; elle nous sèche, nous assèche, nous use et nous consume.
Alors pourquoi, malgré tout, l’être humain la personnifie et la porte à ses lèvres avec tant de plaisir ? Cela remonte certainement au stade oral de la petite enfance lorsque par la succion on découvrait le bonheur d’être rassasié, apaisé, rassuré. La bouche est le siège de beaucoup d’émotions. C’est le vecteur par lequel sort le son, puis la parole, les discours et ainsi naît la communication. C’est l’espace des baisers et des désirs les plus intimes. C’est le palais des saveurs et des goûts… en somme de tout ce qui fait la vie.
Être ou ne pas être, vivre ou mourir telle est la question…
Je fus
Tu fus
Il fut
Nous fumons…
Quel éloge funèbre.
Parce qu’à force de l’aimer, elle nous tue à petit feu. Elle représente par excellence l’objet de la relation toxique.
Mais on ne peut pas lui en vouloir, elle est faite ainsi.
En revanche, nous, nous avons le choix.
Le choix de comprendre pourquoi elle s’est invitée et pourquoi on l’a accueillie. Quelle manque ou besoin vient-elle combler ? Dans quelle illusion la laisse-t-on nous bercer ?
Ce chemin est nécessaire pour s’en détacher et comme lors d’une rupture amoureuse, il y a toujours une phase de cohabitation avant l’au-revoir final.
Il est important de programmer cette fin et surtout de ne pas faire de cette cigarette un ennemi. Car un ennemi suscite la colère et reste à combattre toute une vie.
Non. Il faut simplement lui donner une autre place. Celle d’une vieille compagne de route que l’on croisera de temps en temps mais de loin. Peut-être sur les lèvres d’une autre personne qui doit encore faire le chemin. Parfois son odeur nous rappellera de bons souvenirs et nous fera sourire. Alors nous pourrons la regarder sans crainte et savourer combien il est agréable d’aimer notre corps et de le respecter.
Claudia Maréchal
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